Bandol : le sentier du littoral gâché par le "mur de la honte"
- petitprincebandol
- 7 mars 2023
- 3 min de lecture

A Bandol, le mur de la discorde s’invite au tribunal
Depuis trois ans, la construction d’un mur en remplacement d’une clôture sur le sentier du littoral attise les passions à Bandol. La justice administrative se penche sur le dossier.
Le mur de clôture a été dégradé à plusieurs reprises depuis son édification.
Ce n’est pas le mur de Berlin. Ni celui de Jérusalem-Est. Mais dans le microcosme bandolais, ses cinquante mètres de long pour deux de haut échauffent les esprits. Ce fut le cas notamment lors des dernières élections municipales, où des opposants à Jean-Paul Joseph n’ont pas hésité à en faire l’étendard de certains passe-droits dont userait l’édile...
Pour R., son propriétaire, c’est un simple mur en pierres de Provence ayant pour seule vocation de "cacher [sa] villa de la vue des passants", villa située sur une artère étroite mais fréquentée car située en bordure d’une portion du chemin du littoral. "Nous avions décidé de remplacer la clôture grillagée existante car celle-ci était abîmée, explique cet ingénieur des ponts et chaussées. Plusieurs intrusions dans notre propriété avaient été constatées. Ce mur, c’est autant une question de sécurité que de tranquillité."
"Un véritable tunnel"
Pour la Confédération Environnement Méditerranée (CEM), ce mur est au contraire "un véritable tunnel" qui "dénature totalement le caractère remarquable du site tel que défini par le PLU et le Scot (1) Provence Méditerranée qui mentionnent les parties naturelles du linéaire côtier entre le port du vallon des Graviers et la pointe Encanet comme étant au premier plan du paysage littoral bandolais". Et donc à protéger.
En novembre 2019, une première déclaration préalable avait été déposée en mairie par R.. Malgré la situation géographique exceptionnelle de l’habitation, située à quelques encablures de la mer, la municipalité n’avait rien décelé d’illégal. Au contraire de la CEM qui avait déposé un recours gracieux. "La propriété est située en zone naturelle, ce qui implique que toute nouvelle construction est interdite, explique Gérard Demory, aux intérêts de l’association. Même si le Code de l’urbanisme ne comporte aucune disposition concernant les clôtures dans ces zones, cette absence ne saurait être interprétée comme autorisant leur construction."
Rien d’illégal pour le rapporteur public
"J’ai été naïf de commencer les travaux un mois avant les élections municipales, regrette R.. Des gens sont venus manifester devant chez moi, mon épouse a été agressée... C’est allé loin." Pour calmer le jeu, le propriétaire décide donc de modifier ses plans. Avec un mur moins haut, moins long. Une deuxième déclaration préalable est abrogée par la mairie, mais une troisième, mentionnant la création de percées, est acceptée. Le mur est monté. "Avec deux meurtrières qui donnent à cette construction un caractère féodal", regrette Gérard Demory.
Amené à se prononcer sur la première déclaration préalable sans s’apercevoir ni avoir été averti par les parties qu’il le serait également pour la troisième – correspondant au mur effectivement construit – dans les mois à venir, le tribunal administratif de Toulon a évoqué ce dossier mardi dernier. Sans, du coup, rendre de décision.
Mais pour le plus grand soulagement de R., le rapporteur public a estimé que "le mur de clôture ne porte pas atteinte à la qualité remarquable du site" et n’a donc pas vocation à être détruit. "Il est implanté sur une zone bâtie, a-t-il détaillé. De l’autre côté de la voie, une clôture encore plus haute existe. De plus, ce mur ne longe pas toute la propriété mais seulement la zone où se trouve l’habitation. Même s’il est imposant, il ne bouche qu’une vue donnant sur celle-ci et n’est même pas visible depuis la mer."
Une argumentation qui sera sans doute reprise lorsque le tribunal se penchera à nouveau sur ce dossier dans quelques mois.
1. Plan local d’urbanisme et Schéma de cohérence territoriale.
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