Bandol : plus que 20 ans d'attente pour une place au port (9ème port Français)
- petitprincebandol
- 10 sept. 2022
- 5 min de lecture

Le temps d’attente pour une place dans le port de Bandol réduit de moitié: plus que 20 ans de patience
Dans la catégorie la plus demandée, le temps d’attente a été divisé par deux ! Hier, il fallait attendre quatre décennies avant d’espérer amarrer son bateau dans le bassin public. Explications…
Le port de plaisance de Bandol – le quatrième du bassin méditerranéen et le neuvième français – est doté de 1 600 postes, dont un peu moins de 800 sont attribués en contrat annuel au port public aux bateaux de 6 à 40 mètres.
Un véritable tour de passe-place. Alors que le plus ancien plaisancier attendait son tour depuis 41 ans, le temps d’attente pour un anneau en contrat annuel dans le port public de Bandol a été réduit de moitié! "Dans la catégorie la plus demandée, pour des bateaux de 10 à 13mètres, quinze postes ont été octroyés lors des dernières réunions de la commission d’attribution en mai 2021 et mai 2022, indique Philippe Rocheteau, PDG de la Sogeba, société gestionnaire du port. Nous avons essayé de répondre aux demandes les plus anciennes".
Le plus vieil inscrit sur la liste d’attente de 550 personnes, qui attendait son tour depuis son inscription en 1981, était numéro un depuis des années.
Comme le veut la procédure, il avait patiemment renouvelé sa demande tous les ans par lettre recommandée et vient de faire un grand bond en avant dans le temps. Il a gagné 10 ans d’attente et (comme tous les inscrits entre 1981 et 2001) obtenu la place qu’il convoitait de longue date.
Haro sur les "bateaux ventouses"
"Nous avons pris toutes les précautions pour lui annoncer la bonne nouvelle, sourit Philippe Rocheteau. Mais, contre toute attente, et comme trois autres plaisanciers, il a finalement refusé la place en nous disant que c’était trop tôt et que son bateau de 12mètres était très bien dans le port de Porquerolles. La temporalité correspond parfois à des projets de retraite. D’autres n’y croyaient tellement plus qu’ils se sont sentis pris de court et n’étaient pas prêts!"
Pour arriver à ce résultat, dès sa prise de fonction en 2017, le président du port et ses équipes, poursuivant l’objectif de libérer des postes, ont joué sur deux axes.
D’abord, pratique courante mais illégale, les transferts successoraux de contrats ont été interdits en 2017 après le recours d’un plaisancier sur liste d’attente qui s’estimait lésé. "Depuis, plusieurs membres d’une même famille individualisent leur inscription en prévision", note Philippe Rocheteau.
Dans le même temps, une chasse aux "bateaux ventouses", abandonnés par leur propriétaire, souvent à l’état de ruine ou en fin de vie et qui ne sortent plus dans le port a été déclarée. Elle a été pour le moins fructueuse. "Pour l’instant, nous en avons fait détruire cinq, calcule Xavier Gautier, directeur administratif et financier du port, superviseur de la liste d’attente. Un sixième est parti ce matin à la déconstruction".
Assez longue, la procédure subventionnée est gratuite depuis deux ans pour le propriétaire du bateau.
D’autres attributions après les travaux
"La procédure passe parfois par une autorisation préfectorale, dont nous sommes encore en attente pour récupérer la propriété de cinq autres bateaux. Par exemple, ceux pour lesquels une succession n’a pas été débouclée", détaille le directeur.
Cette libération de postes intervient dans le contexte de futurs travaux d’envergure, qui débuteront l’année prochaine dans le bassin et qui nécessiteront le transfert de bateaux sur les pannes. "C’est pourquoi nous sommes obligés de garder libre un pool de postes en prévision. Mais, à la fin des travaux, il y aura une grosse cession d’attribution, annonce Philippe Rocheteau. Même si, dans l’absolu, 20 ans d’attente, cela reste une durée très longue. Si on remplaçait le stade Deferrari par un bassin, comme certains élus y ont un temps pensé, on le remplirait sans problème".
Le port de plaisance de Bandol – le quatrième du bassin méditerranéen et le neuvième français – est doté de 1.600 postes, dont un peu moins de 800 sont attribués en contrat annuel au port public aux bateaux de 6 à 40mètres.
49/51: attention danger!
Il est théoriquement impossible de transmettre une place dans le port en même temps que l’on vend le bateau qui y est amarré. Sauf que… Souvent employée pour éviter la liste d’attente, la technique dite du 49/51 est toujours appliquée dans de nombreux ports de Méditerranée.
En substance, elle consiste à acquérir le bateau convoité en copropriété. L’acquéreur potentiel en achète (au prix fort) les 49% et le vendeur, qui signe par exemple à l’acheteur la vente de ses parts sans mettre de date, en conserve 51%. Et garde aussi de fait, la place au port, tout en sortant du jeu.
Mais cette technique n’est pas sans risques. Le titulaire du droit peut par exemple décider à tout moment de changer de bateau; les copropriétaires peuvent se fâcher; le titulaire du contrat peut décéder et le propriétaire des 49% se retrouver sans aucun droit sur le poste… Des situations parfois rocambolesques qui peuvent notamment créer des bateaux ventouses.
Ce n’est pas illégal
"À Bandol, avant que je n’y mette fin à la suite du maire en prenant mes fonctions, un plaisancier qui devenait majoritaire pouvait demander que le contrat soit transféré à son nom. C’était un moyen de court-circuiter la liste d’attente, observe Philippe Rocheteau, le PDG du port de Bandol. L’achat en copropriété n’est pas une pratique illégale mais, ici, nous demandons que le propriétaire majoritaire du bateau soit le titulaire du contrat".
"Tout n’est pas débouclé. Quelques dossiers à retardement devraient surgir, complète Xavier Gautier, directeur administratif et financier du port, superviseur de la liste d’attente. Les gens espèrent toujours qu’ils arriveront à passer entre les gouttes".
"Comme je l'avais prévu il y a 40 ans"
Franck Laforest est un néoplaisancier et un presque retraité heureux. Âgé de 62 ans, originaire de Bandol, il était l’un des plus anciens inscrits sur la liste d’attente. "Je m’y suis inscrit à l’âge de 22 ans en me disant que j’obtiendrais une place pour ma retraite, glisse-t-il. Et tout s’est passé comme je l’avais prévu".
Un beau jour de mai 2021, le propriétaire de l’hôtel-restaurant du Moulin de la Pipe, dans le Vercors, a été avisé par les services du port de Bandol qu’il pouvait prétendre à une place sous réserve d’y amarrer un bateau dans les trois mois.
"J’ai été ravi! Durant 40 ans, la première chose que je faisais après le réveillon, c’est le renouvellement de ma demande, indique-t-il. Pendant très longtemps, il y a eu beaucoup de magouilles et de nombreuses personnes me sont passées devant. Mais cela ne m’a pas dérangé, j’attendais ma retraite".
Franck Laforest, qui entend partager sa vie entre le Vercors et le Var, a donc acheté avec un ami un voilier de course First de 10mètres, le Christalec, à bord duquel il entend bien profiter des joies de la navigation, une fois qu’il aura trouvé un repreneur, vendu son affaire et fait valoir ses droits à la retraite. Mais la famille n’en a pas fini avec la liste d’attente. "Prévoyantes, mes deux filles âgées de 17 et 27 ans viennent de s’inscrire… Elles sont 450", conclut-il.
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