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Hyères : Le Maire n'en fait qu'à sa tête, sa majorité se rebiffe


"Ce vote blanc, c'est le début de la fin" pour Jean-Pierre Giran: les élus de la majorité s'expliquent après le couac de l'élection de la nouvelle adjointe au maire à Hyères


Lors de l’élection de la nouvelle adjointe au maire, douze élus de la majorité municipale ont voté blanc. Une situation inédite pour Jean-Pierre Giran. Ces élus expliquent leurs motivations.


Alors que son enjeu n’avait rien capital pour l’avenir de la ville, le vote à bulletins secrets du 11 octobre pourrait bien bouleverser la fin du mandat.

Le 11 octobre, les élus étaient réunis en conseil pour élire une nouvelle adjointe au maire suite à la démission de Véronique Bernardini, celle-ci faisant état de divergences profondes avec Jean-Pierre Giran et sa gouvernance. Ce jour-là l’élection de sa remplaçante, Isabelle Buttafoghi, semblait être une formalité... jusqu’au dépouillement des bulletins de vote. Surprise. Il fait apparaître que douze voix de la majorité municipale manquent à l’appel.


À l’époque aucun élément d’explication pour comprendre la signification du scrutin. Allergie à la candidate? Fidélité à l’ancienne deuxième adjointe? Naissance d’un groupe derrière elle? Aucune déclaration ne vient colorer ce vote blanc. Le microcosme commente. Les élus bavardent entre eux... mais tout reste sous le manteau.


Quinze jours plus tard, trois de ceux qui ont choisi ce bulletin sortent enfin du bois... mais restent dans l’ombre. C’est uniquement sous couvert d’anonymat qu’ils veulent expliquer leur position. Original et inconfortable.


À les écouter, loin d’être une anecdote, ce vote n’est que le premier acte d’une mutinerie qui se prépare depuis un moment et pourrait faire tanguer le navire d’ici la fin du mandat.


Sous couvert d’anonymat, des élus de la majorité ont accepté d’expliquer à Var-matin pourquoi ils n’ont pas voté dans le sens de la délibération proposée par le maire lors du conseil du 11 octobre.


"Il faut aussi préciser tout de suite que ce n’est ni un vote contre Isabelle Buttafoghi, ni une façon de soutenir Véronique Bernardini qui part dans une aventure solitaire", annoncent en chœur trois des 12 élus ayant profité de ce vote à bulletin secret pour se démarquer du maire*. Un mouvement de groupe dont les contours restent flous… y compris pour ses acteurs qui précisent ne pas parler au nom des 12.


"On est dans une position compliquée parce qu’on reste dans la majorité, mais on ne peut plus cautionner les comportements de Jean-Pierre Giran", soupirent-ils en glissant que s’ils préfèrent pour l’instant rester anonymes, c’est par "peur des représailles de "Jean-Pierre Tyran"".


Après le conseil municipal, ils évoquent une chasse aux sorcières orchestrée par le cabinet pour identifier ceux qui ont préféré le petit papier vierge. Ce que l’intéressé dément.


"On n’est pas à l’aise"

"Le problème, ce n’est pas la politique qui est menée, mais le bonhomme. Quand toute la ville parle de sa photo nue dans la salle de bains, on n’est pas à l’aise, y compris avec les membres de nos familles, mais il n’a pas l’air de s’en préoccuper. Il nous prend pour des cons - d’ailleurs, il n’arrête pas de dire qu’il est entouré de "connards". Ça a même été écrit dans le journal (Var-matin du 7 juillet 2022 à propos d’adversaires qui "n’attaquent pas sur le fond, mais visent la personne et veulent vous dégoûter", Ndlr). Ce qu’il oublie, parce que lui n’a pas d’affect pour Hyères, c’est que ces propos, on nous les rapporte ensuite."


À la mi-temps du second mandat, plusieurs conseillers ou adjoints expliquent que c’est ce message qu’ils ont voulu faire passer en se démarquant. "Même si on sait déjà qu’il ne l’entendra pas puisqu’il se décrit lui-même comme un misanthrope (Var-matin du 15 juin)." Une façon cependant pour eux de lui glisser à l’oreille "qu’à force de décider seul, le maire fait le vide autour de lui… à part quelques courtisans dont certains rêvent d’être désignés comme dauphin".


Plus qu’un message au maire, ce vote a aussi fourni l’occasion de se compter parmi ceux qui - dans son dos - le critiquent aussi volontiers que ses plus farouches opposants.


"Il faut qu’il comprenne qu’il n’a pas été élu seul. Son élection, c’est la nôtre aussi alors on ne peut pas supporter qu’il ne nous dise pas bonjour et ne nous adresse même pas la parole. Il n’écoute rien, ni personne et décide de tout, seul dans son coin. Le meilleur exemple, c’est le chantier du centre-ville**. On n’a jamais été associé. Il nous a présenté le projet en nous disant que le premier qui critique, il saute."


"Combattre de l’intérieur"

Pendant longtemps, animés par l’admiration pour l’intelligence et l’éloquence du premier magistrat, ces élus expliquent être restés dans les rangs en mettant de côté leur ressenti jusqu’au moment où ils ont compris que la seule motivation de leur chef de file était sa propre réélection. "Ce qui a déclenché le mouvement, c’est le fait que désormais il est clair qu’un troisième mandat est la seule chose qui l’intéresse. Du coup, il ne prend pas des décisions bonnes pour la ville, mais bonnes pour faire campagne. On peut par exemple prendre le dossier de l’Espace 3000. Au lieu de lancer un projet ambitieux, il met la pression sur les services pour un chantier modeste mais qui sera terminé en 2026."


Une stratégie que dénoncent ces membres de la majorité qui refusent, pour l’instant, de démissionner et de siéger dans l’opposition. "Ces votes blancs veulent simplement dire que c’est le début de la fin. Parce qu’on ne restera probablement pas dans la majorité jusqu’à la fin du mandat. Si on voit de nouvelles opportunités de nous démarquer autour d’un fait politique, on les saisira et on va le combattre de l’intérieur!"


*Isabelle Buttafoghi a été élue avec 21 voix... soit moins de la moitié des 45 votants de l’assemblée communale. Mais ces 21 suffrages exprimés suffisent ce jour-là face au 9 voix contre de l’opposition (il faut ajouter trois bulletins non exprimés: 1 blanc et les 2 abstentions du groupe RN Alliances pour Hyères).

**S’il n’était pas détaillé, le projet de réfection des avenues Gambetta, Général-de-Gaulle et des Îles d’or figurait dans le programme de campagne en 2020.

 
 
 

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