"Paul Ricard, l'homme qui osait" diffusé sur l'ile des Embiez
- petitprincebandol
- 10 sept. 2022
- 3 min de lecture

À la fin de la projection, Danièle Ricard, fille de Paul Ricard , a remercié chaleureusement Eric Bitoun. Elle aussi a découvert de nouvelles facettes de son père, grâce aux documents dénichés par le réalisateur.
Eric Bitoun a réalisé un documentaire sur le parcours exceptionnel du fondateur de la marque Ricard. Il a été projeté en avant-première sur l’île des Embiez, avant une diffusion sur France 3.
Après avoir tourné de nombreux films sur de grands groupes industriels français (Lu, Poulain, Dim, etc.), le réalisateur Eric Bitoun s’est intéressé au parcours exceptionnel de Paul Ricard.
Il en a fait un documentaire qui a été diffusé en avant-première cet été sur l’île des Embiez, en présence des enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants du célèbre bâtisseur. Rencontre.
Pourquoi Paul Ricard?
Quand j’ai commencé à travailler sur les grandes entreprises françaises, c’était une évidence que je viendrais à consacrer un film à Paul Ricard. Cette année, c’est les 90 ans de la marque, c’était l’occasion de revenir sur son parcours.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans l’histoire de Paul Ricard?
C’est une marque très populaire, incontournable dans le sud, mais qui a aussi un rayonnement international, puisque le groupe Pernod Ricard alterne entre la première et la deuxième position de groupes d’alcools. Paul Ricard, c’est aussi l’histoire d’un homme qui a su se réinventer face aux contraintes réglementaires. Il s’est adapté à l’interdiction de spiritueux en 1940, sous le régime de Vichy, en se lançant dans la production de riz en Camargue, une terre plutôt aride. Je pense qu’à l’époque, les locaux ne pensaient pas qu’il arriverait à faire pousser quoi que ce soit sur ces terres.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors du tournage?
La première partie était très compliquée, puisque je n’avais accès qu’aux documents de l’INA (Institut national de l’audiovisuel) et à tout ce que l’on peut trouver en ligne. C’est ma rencontre avec Michèle Ricard, qui tient un musée consacré à la vie de son père à Arles, sur le domaine de Méjane, qui a débloqué le tournage. Elle est devenue le fil rouge du documentaire et m’a raconté en détail l’histoire de son père, avec des anecdotes inédites, peu connues du grand public. Dans le documentaire, il y a par exemple les cahiers de chimie de Monsieur Ricard, que m’a fourni Michèle. France 3 Nancy a aussi fait un travail formidable en restaurant certains films abîmés par le temps.
Est-ce que vous avez eu des frustrations lors du tournage?
Oui, parce que c’est un personnage très riche. Le grand public connaît peu son engagement dans le cinéma, lorsqu’il a lancé une société de production à Marseille. Je n’ai pas pu aborder dans les détails le circuit au Castellet ou encore son implication dans la Résistance, pendant la guerre.
Qu’est-ce que vous avez découvert de lui?
Je pensais qu’il serait une figure un peu écrasante mais pas du tout. Il était vraiment admiré par ses employés et toutes les personnes qui l’ont côtoyé. Et puis, il y a son amour pour la peinture, qui est moins connu. Il avait mis de côté cette passion parce que son père lui disait qu’il ne pourrait pas en vivre. Il a dessiné toute sa vie, notamment les premières affiches de la marque, mais j’ai l’impression que quitter la direction de l’entreprise était un accomplissement pour lui, parce qu’il pouvait enfin se consacrer à son art.
Comment résumeriez-vous Paul Ricard?
Finalement, c’était un homme d’une grande audace, qui a fait des paris sur l’avenir et qui n’avait peur de rien. Il n’avait que 23 ans lorsqu’il annonce à son père qu’il allait fabriquer son pastis (qui veut dire mélange en provençal). Il a construit une stratégie marketing avant même que cela n’existe. Il demandait par exemple aux chanteurs provençaux de diffuser partout en France des hymnes à sa boisson anisée : c’était un peu l’ancêtre de la publicité. Et puis, il y a aussi tous les objets Ricard, qu’il a développés presque simultanément à la création de son apéritif, avec un premier broc sorti en 1935. C’était un visionnaire en quelque sorte.
Le documentaire sera diffusé cet automne, sur France 3 Paca. Il fera ensuite le tour des festivals, peut-être diffusé aussi dans les pays francophones, comme le Québec ou la Belgique.
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