Porquerolles : 10% des eaux usées réutilisées pour les vergers, depuis 40 ans
- petitprincebandol
- 26 avr. 2023
- 2 min de lecture

L’île de Porquerolles (Var), confrontée depuis toujours au manque d’eau, réutilise ses eaux usées et traitées pour irriguer 17 hectares de vergers… et ce depuis 40 ans !
C’est un des objectifs du "Plan Eau" présenté par Emmanuel Macron à Savines-le-Lac fin mars : amplifier la réutilisation des eaux usées traitées pour combler le manque d’eau, notamment pour l’agriculture. Aujourd’hui la France ne réutilise qu’1% de ses eaux usées (soit 77 stations d’épuration sur 23.050), contre 14% en Espagne, 80% en Israël… et 10% à Porquerolles !
L’île hyéroise, confrontée depuis toujours au manque d’eau, a en effet été pionnière en la matière. "L’eau est une denrée très précieuse, encore plus sur une île. Tout ce qu'on peut faire en matière de réutilisation ou de recyclage de l’eau est important" indique Marc Duncombe, directeur du Parc National de Port-Cros. L’île réutilise donc ses eaux usées depuis 40 ans pour irriguer, en goutte-à-goutte, 17 hectares de vergers d’oliviers et de figuiers du Conservatoire national botanique méditerranéen, ainsi qu'une aire de maraîchage dans la plaine de Porquerolles.
Traitement naturel dans trois lagunes
Pour comprendre comment cela est possible, il faut rejoindre la station d’épuration de Porquerolles, à un kilomètre du village. Après avoir été épurées dans la station, les eaux sont déversées dans trois immenses lagunes. C’est là que 10.000m3 d’eau sont retraités "naturellement" tous les ans explique Pauline Phan Dong, ingénieure spécialisée dans le traitement des eaux à la Société du Canal de Provence.
"L’eau met à peu près 30 jours pour passer d’une lagune à l’autre. Elle est épurée par les végétaux, les bactéries et les UV du soleil. Elle passe pour finir dans un filtre à sable. Après être son passage par la station d’épuration puis par les lagunes, l’eau usée et traitée ne présente aucun traceur fécal. Il n’y a donc aucun impact ou risque sanitaire" complète la spécialiste.
Goutte-à-goutte obligatoire
La qualité de l’eau est de toute façon contrôlée toutes les semaines ou toutes les deux semaines en période d’irrigation. L’eau usée et réutilisée n’est "jamais en contact direct avec les fruits, la réglementation rend obligatoire le goutte-à-goutte" précise Marc Duncombe. Il n’y a donc aucun souci pour consommer les fruits. Les figues sont vendues aux habitants ou aux vacanciers et les olives transformées en huile. Quant aux fruits et légumes de la plaine maraîchère, ils doivent être "transformés en compote, en soupe ou en conserve pour pouvoir être commercialisés" ajoute le directeur.
Reste une barrière psychologique à franchir reconnaît Pauline Phan Dong : « Effectivement, le fait de manger des fruits irrigués par eaux usées et réutilisées peut aussi poser problème des fois. Il y a un vrai enjeu d’acceptation sociale mais il ne faut vraiment pas oublier que l’irrigation se fait par goutte-à-goutte, sans contact »
En plus de Porquerolles, un autre projet expérimental est actuellement à l’étude à la Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles pour irriguer les champs d’oliviers et d’amandiers mais aussi pour nettoyer la voirie de Saint-Rémy-de Provence.
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