Six-Fours : la crèche provençale qui fait consensus

Un pan de l’histoire provençale matérialisé en argile à Six-Fours

Dans son foyer, la Six-Fournaise Josyane Giacoa a créé une crèche géante remplie d’anecdotes historiques sur la Provence. Des collégiens de la ville ont pu notamment observer son œuvre.

Saviez-vous que, dans le temps, un ruisseau coulait le long du flanc de la colline qui mène jusqu’à Notre-Dame du Mai? On l’appelait le Roumagnan et c’est là que les femmes du village faisaient la bugade (c’est-à-dire la grande lessive de linge de maison).

À quelques kilomètres de là, se tenait un four à poix où l’on brûlait des écorces de pins pour le calfatage des bateaux. La matière qui sortait des flammes servait à rendre les coques des navires étanches. Pleine de résine, cette dernière était poisseuse: on finira d’ailleurs par dire d’elle, en Provence, qu’elle "pègue".

Toutes ces petites anecdotes du passé ont été matérialisées dans une crèche géante, au cœur du foyer de Josyane Giaco, une ancienne animatrice culturelle. "Ma mère travaillait à l’ancienne usine des tuileries de Romain Boyer. Et, là-bas, les ouvriers, bien souvent, avaient une tradition quand approchait Noël. Ils réalisaient leurs propres santons: c’est pour cette raison que, dans la région plus qu’ailleurs, il y a beaucoup de personnes qui continuent à faire les crèches dans les maisons. Ils ont plein de créations uniques dans les placards qui leur proviennent de leurs aînés", raconte cette dernière.

La porte ouverte aux enfants

Depuis plusieurs années, Josyane (à gauche) tient à rendre hommage à la culture provençale. Elle ouvre toujours la porte aux enfants, friands d’apprendre de nouvelles choses. (Photos C. Go.).

Pour que son plaisir soit entier, il fallait à Josyane un public de passionnés. C’est donc tout naturellement qu’elle a ouvert la porte aux collégiens de la ville. Depuis presqu’une dizaine d’années, les élèves de la classe patrimoine viennent avec leurs professeurs découvrir son labeur.

Pour que la sortie scolaire serve au mieux aux jeunes, avec le temps, Josyane a fini par apprendre leur programme et à glisser des éléments de ce dernier dans ses paysages. Il y a donc le patrimoine bâti de la ville à découvrir en miniature mais aussi les us et coutumes des aînés.

La laïcité et les crèches

Pour Jean-Christophe Boréani, professeur, ces rencontres sont "très instructives": "Outre le fait que la crèche soit pleine de références historiques locales, cette visite nous permet de nous pencher sur les différentes crèches et la laïcité, poursuit-il. Après cette visite chez le particulier, nous irons voir la crèche en mairie, où les figures religieuses ne sont pas incluses; il y a en revanche un maire avec sa cocarde à la place. Pour clôturer la découverte, nous irons dans une église pour visualiser une crèche qui représente la scène de la nativité. Inclure des visites et des rencontres permet aux collégiens d’apprendre différemment. Ils sont plus réceptifs ainsi".

Et, effectivement, aux côtés de Josyane, les enfants n’ont pas tari de questions et d’éloges.