Six-Fours : les objets prisonniers de la cristallisation dévoilés à l'expo photo de la route du sel
- petitprincebandol
- 24 oct. 2023
- 2 min de lecture

La route du sel à Six-Fours au cœur d’une exposition photographique
La Batterie du Cap Nègre abrite les travaux photographiques de Catherine Marcogliese réalisés dans divers marais salants. En prime, sont exposés des objets "prisonniers" de la cristallisation.
Les photos des salins ont été prises un peu partout autour du globe, mais le procédé de tirage est différent des expositions habituelles puisqu’il est issu d’un procédé inventé au début du XIXe siècle : le tirage au sel.
Le sel est apparu dans l’histoire de l’humanité dès la Préhistoire pour ses caractéristiques de conservation des aliments. Dans l’Antiquité, il fut également utilisé dans des rites religieux avant de devenir une clef de l’expansion de l’Empire romain qui s’en était octroyé le monopole. En France, sous Louis IX, il se fait monnaie et deviendra même un impôt spécifique appelé la gabelle.
Pour Catherine Marcogliese, une Canadienne en exil sur nos terres, il devient presque mystique lorsque, blanc cristallin, il s’étend sur plusieurs hectares dans les salins, sous un soleil de plomb: "Il y avait quelque chose d’aveuglant et d’irréel, confie l’artiste, c’est en voyage à Ibiza que je suis tombée en amour devant le premier salin. J’ai ensuite poursuivi l’aventure et me suis rendue en Camargue mais aussi en Italie, en Grèce et ailleurs pour voir la matière, sèche, craquelée, d’une couleur si pure."
Elle qui avait alors l’habitude de peindre, se décide à se munir de son appareil photo uniquement. "La peinture m’apportait beaucoup, mais j’avais déjà commencé à inclure des collages dans mes créations. Le glissement commençait à se faire. Quand j’ai multiplié les visites dans les salins, sans faire de photographie documentaire, j’ai inclus le plus grand nombre de détails dans mes clichés dont j’ai fait une grande collection."
Des objets figés par les cristaux de sel
Dans le sous-col de la Batterie du Cap Nègre, des objets "figés" dans le temps par le biais du sel.
Pour rester fidèle à la matière, même le tirage se fait au sel. C’est une technique qui date du début du XIXe siècle et qui a été inventée par un Britannique, William Henry Fox Talbot. La résultante de ce procédé est que les clichés de Catherine, pris à partir de 2019, semblent intemporels.
Au sous-sol du bâtiment, là encore, une surprise de taille. Des objets sont prisonniers du sel, l’effet est le même, coincé dans les cristaux, ils semblent attendre depuis plusieurs décennies le visiteur de l’exposition. "La première caractéristique du sel est pour moi la préservation. En utilisant des objets qui sortent tout droit de la vie quotidienne de nos parents et grands-parents, on ne sait plus trop depuis quand ces choses se débattent avec le phénomène de cristallisation."
Dans ce labeur passionnant, encore un autre aspect est à l’étude: la matière en métamorphose. Une série de photos en noir et blanc figent le sel dans tous ses états, dans les salins. Complète et surprenante, l’exposition est à découvrir.
Exposition visible à la Batterie du Cap Nègre jusqu’au 12 novembre. Ouverte malgré les travaux du parc de la Méditerranée. Une rencontre avec le public est prévue samedi. 28 octobre, à 16h.
Catherine Marcogliese vous invite à un voyage presque onirique.
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