SNSM du Var : la dangerosité des sorties en mer augmente années après années
- petitprincebandol
- 10 oct. 2023
- 4 min de lecture

Plus de 1.000 interventions ont été nécessaires sur la côte: les sorties en mer toujours plus dangereuses dans le Var
Sur les 12 derniers mois, les secours en mer sont intervenus à plus de 1.000 reprises sur la côte varoise, impliquant près de 2.300 personnes. Quinze d’entre elles n’ont pas pu être sauvées.
"Prenez un bateau croisé à Saint-Tropez de 12 mètres de long pour 1.800 chevaux et mettez-le entre les mains d’une personne qui vient d’avoir son permis: au premier virage, c’est la catastrophe assurée!", lâche l’amiral Jean-Louis Kérignard, délégué départemental de la SNSM venu présenter le bilan de l’année aux bénévoles de l’association de Sauveteurs en Mer, ce samedi à Toulon.
"Les bateaux sont de plus en plus lourds, de plus en plus rapides, constate-t-il. Alors qu’il y a de plus en plus de monde sur l’eau, surtout dans la bande des 3 milles nautiques." Face à un aréopage d’hommes (et de quelques femmes) en polo orange, celui-ci donne ensuite l’exemple de la collision au large des Embiez, fin août, coûtant la vie à une femme de 58 ans, qui n’a pas pu être réanimée malgré l’intervention des secours. "Il faut être préparé à ça", déplore l’amiral Kérignard.
Des chiffres bloqués dans le rouge
Sur les douze derniers mois, 1.024 interventions en mer au total ont été effectuées, impliquant 2.289 personnes, dont 169 hospitalisations et 15 décès. "Depuis la fin du Covid, on avait une courbe des accidents exponentielle, indique le préfet maritime Gilles Boidevezi. Là, on a une petite stabilisation."
La SNSM a quasiment fait une sortie sur deux, soit 450 interventions et 1.111 personnes secourues ou assistées pour 42 blessés et 8 décès à gérer. Comparé aux chiffres de l’an dernier, l’association des Sauveteurs en Mer observe une diminution de 10% de leurs activités alors que le nombre d’accidents n’a pas baissé.
Des activités sous surveillance
Parmi les points noirs, la pratique estivale de la plongée. Entre le 1er mai et le 24 août 2023, la préfecture a comptabilisé 103 accidents. Contre 89, sur la même période un an plus tôt. Soit presque 16% d’augmentation. "On a encore beaucoup trop d’accidents de plongée, reconnaît le préfet maritime Gilles Boidevezi. Nous devons retravailler avec les clubs pour une meilleure préparation et sensibiliser davantage ceux qui font de la plongée individuelle." Principal problème rencontré: "les gens surestiment leur condition physique et prennent des risques en allant en profondeur dès la sortie du train".
Par ailleurs, ce dernier évoque l’augmentation du nombre de personnes en kayak ou en planche à voile emportées au large par le vent avant d’être secourues, certaines en panique, d’autres en hypothermie. "Une personne qu’on recherche, ce sont des moyens engagés", précise-t-il. Gilles Boidevezi redoute également l’essor de l’usage de foils, ces ailes sous-marines. "Les nageurs ne se sentent plus en sécurité, rapporte-t-il. On ne doit pas attendre qu’il y ait des accidents pour tirer la sonnette d’alarme."
Photo DR.
La plongée de plus en plus populaire mais avec ses impératifs de sécurité
A la barre du club Tiki Dive dans la "capitale des épaves", club de plongée cavalairois fondé en 2010, Fabien Joubert met en avant l’émerveillement lié à la pratique de la plongée qui séduit de plus en plus, toutes générations confondues, mais avec ses impératifs de sécurité.
Quelle est la tendance actuelle quant à la pratique de la plongée?
Elle se développe et peut commencer dès huit ans. Plus tôt, nous sommes sur de la randonnée palmée avec tuba. Nous accueillons autant de plongeurs confirmés que de débutants, mais il est vrai qu’il y a de plus en plus de gens qui veulent découvrir les merveilles sous-marines. Cette semaine nous formions un jeune de 28 ans et la semaine prochaine ce sera un enfant de neuf ans. La notoriété de Cavalaire avec ses douze épaves et la proximité du Parc National de Port-Cros jouent indéniablement en notre faveur pour des sorties comprises dans un périmètre entre Cap Camarat (Ramatuelle) et Porquerolles.
Comment expliquez-vous la hausse des accidents de plongée cet été?
Ce serait plutôt à un médecin hyperbare qui a tous les éléments de répondre à cette question... Précision et nuance: ils ne sont pas tous liés à la plongée, mais se produisent lors d’une plongée. Ce sont le plus souvent des problèmes physiologiques. Le plongeur accumule de l’azote et pendant la remontée l’élimine. D’où l’importance de bien respecter les paliers sinon la personne ne désature pas complètement. Il y a aussi des critères de profondeur, de temps sous l’eau, d’âge, de surpoids et de condition physique générale à prendre en compte. Deux personnes faisant la même plongée ne désatureront pas de la même façon. Par ailleurs, certificat médical ou pas, mieux vaut reporter lorsqu’on se sent fatigué par exemple.
Quelles sont les étapes essentielles à respecter?
Privilégier les structures aux personnels formés et équipés. Nous évaluons le niveau du plongeur via notamment son carnet individuel et y allons toujours progressivement avec une plongée de réadaptation à 15-20mètres. Outre la condition physique, il ne faut jamais plonger seul. La pratique est très réglementée, d’ailleurs les clubs sont souvent contrôlés par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP).
En quoi la plongée séduit-elle toutes les générations?
La plongée est avant tout liée à l’émerveillement, la découverte, l’aventure, le mystère... Elle ravive une part d’imaginaire, ouvre sur l’histoire de la région, comme l’épave du Prophète, ce bateau marchand coulé vers le Cap Lardier en 1850. J’insiste aussi sur la notion de partage des sensations, le lien social qui se crée... Même pour les personnes en situation de handicap, la pratique est accessible! Les plongeurs sont aussi à leur manière des sentinelles. L’exploration des tombants, roches, etc. permet d’évaluer l’évolution d’un milieu qui souffre du réchauffement climatique. Comme en témoignent les gorgones fragilisées ou la grande nacre qui vient, hélas, de disparaître de Méditerranée.
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