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Toulon : le Porte-avion nouvelle génération (PA-NG) cherche à se caser


Chantier pharaonique dans la rade de Toulon pour accueillir le porte-avions de nouvelle génération

Pour accueillir le porte-avions de nouvelle génération, un quai et un bassin vont être construits dans la rade de Toulon à partir de 2027. Mais certains spécialistes travaillent déjà sur zone.


C’est à l’ouest des appontements Milhaud, à côté de la pyrotechnie, que seront construits un bassin et un quai pour le futur porte-avions.

Imaginez un espace de 15 hectares gagnés sur la mer, avec une souille creusée à 21 mètres de profondeur et une forme capable d’accueillir les carénages d’un navire à propulsion nucléaire.

Ces dimensions sont celles de la zone Vauban, construite il y a un siècle dans la rade de Toulon et modernisée en l’an 2000.


Pour l’entretien du porte-avions de nouvelle génération, plus gros, plus long – le fameux "PA-Ng" attendu en 2038 – c’est une autre infrastructure qui devra être construite au pied du Faron.

Un "nid" adapté aux dimensions du futur monstre d’acier: 300 mètres de long pour 75.000 tonnes.

Ce chantier pharaonique vise à implanter un quai et un bassin de radoub "en 2035", a annoncé le préfet maritime de la Méditerranée, l’amiral Gilles de Boidevezi (nos éditions précédentes).

L’ouvrage doit voir le jour à l’ouest des appontements Milhaud, non loin des installations de la pyrotechnie. Les travaux, eux, sont programmés pour 2027.


Mais depuis fin janvier, des spécialistes de la société Geomines s’affairent déjà sur le plan d’eau, préparant le terrain pour le gros œuvre.


Encombrants, épaves… et munitions?

"Nous avons remporté le marché de “désencombrement des obstructions en milieu aquatiques"", confie Éléonore Forget, directrice générale déléguée de l’entreprise basée à La Seyne.

Avec la société Negri (Fos-sur-Mer), Geomines sera chargée de faire place nette au fond de l’eau. Et c’est peu dire que tous ces professionnels des travaux maritimes et du déminage devraient avoir du pain sur la planche.


À cet endroit, dans le prolongement de la drop zone de la base navale, les chances de trouver un coffre rempli de lingots d’or dans la vase sont faibles.


En revanche, la carte du Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) révèle la présence de nombreuses "obstructions" sur les sédiments, de pneus… et de deux épaves.

L’une serait celle de l’Actif, un ancien remorqueur qui a "l’originalité" d’être passé par la Kriegsmarine entre 1940 et 1945 et qui a été déclaré coulé au mouillage en 1984.


L’autre? Mystère. D’après une source proche du dossier, le bateau ne présenterait pas plus d’intérêt historique qu’archéologique. Negri, qui possède barges et grues, aura pour mission de sortir les coques de l’eau.


Mais avant cela, il faudra faire montre de certaines précautions, eu égard à l’histoire de la zone. Le port militaire de Toulon a reçu du ciel plus de 6.000 bombes américaines lors de la Seconde Guerre mondiale: 8 à 15% de ces munitions n’auraient pas explosé (1)… et un certain nombre d’entre elles n’ont toujours pas été découvertes.


Autre événement qui a laissé des traces au fond de l’eau: le sabordage de la flotte, le 27 novembre 1942. À quelques mètres du futur bassin du "PA-Ng", c’est le navire amiral de l’époque, le cuirassé Strasbourg, qui avait fini coulé avant d’être renfloué.


Diagnostiquer, nettoyer, draguer

"Pour l’instant, on en est encore aux investigations à bord de l’Alcyon, notre embarcation, pour établir un diagnostic", précise toutefois Éléonore Forget. "On va mettre en œuvre des détecteurs et des sonars. Le désencombrement ne commencera pas avant l’an prochain."

Le groupe des Plongeurs démineurs (GPD) de la Marine nationale devrait participer à l’opération, prévue pour s’étaler sur plusieurs années.


Le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) est lui aussi prié de se pencher sur le secteur, et de mettre le nez dans ce passé riche et "remué".


"Actuellement sont menées des études d’impact, afin de définir ensuite quels procédés et quelles mesures de mitigation pourront être mis en place", confirme la préfecture maritime.


Les autorités militaires évoquent aussi "le dragage" qui suivra, une fois le site nettoyé. À cet endroit, le fond n’excède pas huit ou dix mètres.


Compte tenu du tirant d’eau prévisionnel du "PA-Ng", il en faudra sans doute le double pour installer là le bassin et le futur quai Milhaud 7.


1. Source: Explosions à Toulon, d’Albert Meuvret, aux éditions Les Presses du midi

 
 
 

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